Michel Denisot Et Sa Nouvelle Compagne – Sa grand-mère raconte à l’historien Pierre Encrevé avoir vu un jour un jeune Pierre Soulages assis devant une feuille de papier vierge, plongeant sa plume dans l’encre noire. Alors elle demande ce qu’il dessine. Le jeune garçon répond “Neige”, sachant très bien que l’obscurité fait ressortir la blancheur sur le papier.
Une personne autodidacte. Dès 1937, Pierre Soulages est membre de la prestigieuse Académie des Beaux-Arts de Paris. Très vite, il se rend compte à quel point il est frustré par cette leçon. Un point positif de son séjour parisien est qu’il prévoit de faire des visites régulières au Louvre, ce qui lui donnera l’inspiration pour continuer à peindre. Avant de s’installer à Montpellier, il envisage de revenir à Rodez.
Il a été appelé au combat en 1940, mais a été démis de ses fonctions l’année suivante. Il s’installe dans un quartier libre de Montpellier et fréquente désormais régulièrement le musée Fabre. Il a falsifié des documents afin d’éviter la STO et vit maintenant une vie secrète. Pour joindre les deux bouts, il peine dans un vignoble. C’est aussi à ce moment-là qu’il rencontre sa future épouse, Colette Llaurens. En 1942, le couple se marie… en secret.
Non, Pierre Soulages n’a pas peint qu’en noir et blanc. Ce n’est que lorsqu’il s’installe avec sa femme Colette dans la banlieue parisienne de Courbevoie en 1946 que sa carrière de peintre prend son envol. Déjà peintre abstrait. Inspiré par l’art surréaliste qu’il découvre très jeune, Pierre Soulages peint dans les tons marron, noir, rouge et orange. Plus tard, l’artiste crée des lithographies dans des teintes vibrantes comme le bleu vif, le jaune et l’argent.
Il est vrai qu’entre les années 1950 et 1970, il peint exclusivement en noir. Cependant, il aime aussi râper le noir de ses toiles pour faire apparaître des fonds colorés ou blancs. En effet, même lorsqu’il ne peint qu’en noir, ses toiles lui permettent d’expérimenter “la lumière réfléchie par les états de surface d’une couleur que nous appelons ‘noir'”, comme il le dit.
Au lieu d’être un artiste à part entière, le peintre se nourrit des expériences qu’il a eues à un jeune âge. Lors d’un voyage scolaire à Conques (Aveyron), le jeune Pierre Soulages tombe par hasard sur l’abbaye de Sainte-Foy. Puis il devient amoureux de la fiction littéraire.
Dans un entretien avec l’historien Pierre Encrevé à la Bibliothèque nationale de France, il révèle que ce choc esthétique a profondément marqué sa vie et son choix de carrière : « là, je peux dire, que tout jeune, j’ai décidé que l’art serait la a choisi la plus importante de ma vie” (2001). Il a d’ailleurs réalisé bien plus tard les vitraux de l’abbaye de Conques.
Il serait choquant de tomber sur des invendus de Pierre Soulages abandonnés dans son atelier. Car l’artiste s’est toujours assuré de détruire ou de brûler les œuvres dont il n’était pas satisfait. Méthode : Sa, non ? ramasser toutes les peintures dont il n’était pas fier et se rendre périodiquement à la campagne pour faire un grand feu de fête. Certains collectionneurs ont besoin de se raser la tête.
Fin novembre 2019, Pierre Soulages, qui faisait déjà partie du petit groupe des artistes les plus titrés au monde, avait battu son propre record de ventes chez Tajan. Aux enchères, un tableau des années 1960 qui avait été valorisé entre 4 et 6 M€ s’est vendu 9,6 M€. Son précédent record avait été atteint à New York il y a un an, lorsqu’un tableau de 1959 s’était vendu 9,2 millions de dollars.
Ce tableau, intitulé « Peinture, 200 x 162 cm, 14 mars 1960 », illustre la méthode de raclage mise au point par l’artiste vers la fin des années 1950. Selon Julie Ralli, responsable du département d’art d’après-guerre et contemporain de Tajan, cette pièce “rejoindra une collection en Europe”.
Pierre Soulages était l’un des artistes les plus avant-gardistes de son époque et sa renommée s’est répandue dans le monde entier. Selon Midi-Libre, l’artiste de 102 ans est décédé dans un hôpital de Nîmes dans la nuit du 25 au 26 octobre 2022. L’ancien président français François Hollande a salué Soulages comme “le plus grand artiste vivant” lors de l’ouverture du Soulages Musée à Rodez en 2014.
Né en 1919 à Rodez, le maître de “l’outrenoir” laisse derrière lui la Sétoise et amour de sa vie, Colette. Ils sont mariés depuis 80 ans. Ils se sont rencontrés alors qu’ils fréquentaient les Beaux-Arts de Montpellier. Le couple se marie en octobre 1942 à l’église Saint-Louis toute noire de Sète.
Ils ont décidé de consacrer leur vie entière à la carrière de l’artiste et de renoncer à avoir des enfants. Colette Soulages, née en 1921, deux ans après son prédécesseur, a mis ses études artistiques entre parenthèses après son mariage. En mars 2023, elle aura atteint l’âge de 102 ans.
Ils (Jean Soulages et sa femme Colette) n’ont jamais quitté Sète. Ils l’ont fait ensemble en construisant une maison avec une vue imprenable sur la Méditerranée et le Mont Saint-Clair. Le couple a beaucoup voyagé à travers le monde avant de s’installer en Occitanie.
Celui qui les a emmenés de New York à San Francisco à Tokyo à Hong Kong à New Delhi à Beyrouth à Rome. Selon Midi-Libre, l’épouse de George Pompidou, Claude, était une amie proche du couple et elle avait fait accrocher une toile de Soulages dans son bureau de l’époque de Matignon.
Par conséquent, qu’ont-ils fait de différent qui a permis à leur amour de durer si longtemps ? A l’occasion d’une rétrospective pour le centenaire de Pierre Soulages, organisée au musée du Louvre à Paris, il a déclaré : “Je ne me suis jamais ennuyé avec elle”.
