De Villepin Et Sa Nouvelle Compagne – Le premier ministre Dominique de Villepin et son ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, s’accordent sur quelque chose sans même s’en rendre compte. François Bayrou, président de l’UDF, s’agite énormément sur leurs modes de communication. Le chef du parti modéré s’est vanté dans “Libération”, “Moi aussi, je peux faire de la course, plonger dans les flots, et présenter mes enfants aux caméras”.
Cette pipolisation est un poison mortel. C’est un projet politique en soi de le rejeter. En fait, l’échange de propos lapidaires des deux politiciens est un petit chef-d’œuvre de forme en soi, compte tenu de leur penchant pour la brièveté du discours.Le monde semble à première vue divisé et diamétralement opposé.
l’énarque, dont le verbe sert depuis longtemps à promouvoir un « gaullisme social », a longtemps galopé, sabre au grand jour ; et l’avocat libertaire qui lâche prise avec un pragmatique : “Ce sont les images qui parlent plus que les mots.” Frank Louvrier s’est imposé comme le leader incontesté de l’organisation traditionnelle ultra-hiérarchisée de l’UMP, directement rattachée au président du parti.
Il gère à la fois les relations presse du ministre de l’intérieur et la communication du candidat UMP à la présidentielle depuis son bureau au siège de l’UMP au 121 rue La Boétie. Un rival vante : « C’est le meilleur de tout Paris. C’est une machine à construire et entretenir des réseaux, et il sait cultiver des relations de confiance avec la presse. Le meilleur, mais pas le seul.
Du côté de la société civile, on a des gens comme le PDG de Publicis France Christophe Lambert, le maire d’Asnières Manuel Aeschlimann (qui lui envoie sans cesse des notes politiques urgentes), et le PDG Image et Stratégie Thierry Saussez.Tandis que le président d’Ipsos, Pierre Giacometti, l’alimente en informations sur lui-même et sur les sujets de société que les Français considèrent comme les plus importants. Huitième preuve d’une “stratégie de marketing commercial” au service d’un homme qui a toujours insisté sur le fait que “la communication doit précéder l’action”.
Pierre Giacometti se hérisse lorsque l’étudiant Yvan Chantrel, dont le mémoire porte sur la communication de Nicolas Sarkozy, l’interroge sur le sujet. Certains pourraient dire qu’il est préférable d’ignorer l’opinion publique et d’aller de l’avant aveuglément, mais une telle approche conduit généralement à des désastres électoraux.Le terme “marketing commercial” peut sembler sinistre, mais c’est en réalité la règle fondamentale que tout acteur qui travaille dans un contexte concurrentiel doit suivre : il doit identifier les besoins et les attentes du public afin de le convaincre.
Au groupe chargé de démontrer l’importance de l’action par la démonstration autant que par la mise en œuvre concrète, aux yeux d’un public convaincu de l’inconvenance des dirigeants politiques.A quelques enclaves de la rue La Boétie, au ministère de l’Intérieur, Claude Guéant, directeur de cabinet du département, et ses collaborateurs veillent au grain. Ils ont aussi appris à se plier aux subtilités de la “glamour attitude”. Au point d’être immortalisée dans le numéro d’octobre du magazine masculin “L’Optimum” au titre évocateur “La sarkoconnection”.
Vêtus de noir, et posant d’une manière dandy qui ne serait pas dépaysée dans un roman du noctambule new-yorkais Bret Easton Ellis (« American Psycho »), les sept plus proches collaborateurs de Nicolas Sarkozy entourent un imitateur de Claude Guéant en habit gris costume pour effet dramatique.S’il est mis en œuvre plus tard, l’équipe de Villepin montre que la science est au moins aussi intoxiquée par cet “état d’esprit glamour”.
Et l’image sculpturale du Premier ministre des vagues déferlant à La Baule en septembre pourrait laisser une marque indélébile dans l’esprit des femmes du monde entier. Mais ici, pas de chef d’orchestre, seulement “un cabinet où les compétences sont précisément réparties”, comme le relate le journaliste Aymeric Mantoux : “Dominique de Villepin”.
L’Homme qui s’aimait trop » (éd. L’Archipel). Bruno Le Maire, son conseiller le plus proche, joue un rôle crucial dans l’appareil de communication fondé sur une spécificité : c’est un homme politique qui écrit, donc pense.Normaliste, énarque et véritable produit de la machine française à produire des élites, il est le bras droit de l’appareil avec Pierre Mongin, directeur de cabinet du premier ministre. Certains anciens associés l’ont surnommé “TGV” (Très Grand Villepin) car c’est lui qui définit la stratégie, peaufine la rhétorique, et cise la statue.
Chaque mot prononcé par Dominique de Villepin devient un geste tactique dans une stratégie où il ne peut agir que par la parole faute de temps, comme le dit un observateur. Des auteurs tels que François Nourrissier, Bernard-Henri Lévy, Régis Debray, Jean-Christophe Rufin (lauréat du prix Goncourt) et Teresa Cremisi (lauréate du prix Flammarion) ont tous été influencés par son œuvre.
Tout en faisant écho à la fois aux études et aux rôles de ralentissement des tendances, le binôme formé par l’ancien directeur de la Sofres Philippe Méchet et le vice-président d’Euro RSCG C&O Bernard Sananès.Deux gars, deux approches, deux méthodes de communication, non ? Pas si vite; les lignes de partage entre les deux groupes présentent souvent de curieuses tendances à la fusion.
Du coup, un conseiller de Nicolas Sarkozy, aux prises avec des problèmes personnels, s’agace des nouvelles accroches de Dominique de Villepin : « l’essor de la société », « le patriotisme économique » et le « volontarisme républicain », qui « empruntent à le corpus de pensée de Nicolas sans trouver le moindre fondement.”
Dans la même veine, on peut voir sa nouvelle gestuelle, mi-figue, mi-raisin, un “verbe plus concret, plus sobre, sans tabou, usage des mains et des doigts pour énumérer ses propositions ou faire partie de ses discordes” (mettant en scène son action politique avec des comptes rendus mensuels à la presse). Aymeric Mantoux plaisante : “C’est facile ; quand je l’ai vu faire son jogging à La Baule, j’ai cru voir deux Sarkozy.”
