Clementine Celarie Maladie – Un rendez-vous avec Clémentine Célarié a eu lieu en février 2011 au Café de l’Est à Paris, situé à côté de la gare de l’Est. En tournée avec son one-woman show à succès “Une vie”, l’actrice oscille constamment entre deux lignes différentes.
Elle vient incognito, comme c’est la coutume en ce moment, portant un sac à bandoulière cabossé. Elle est sortie et a acheté des choses pour sa fille en disant : « Les petits achats pour ma fille ». Elle a 64 ans et n’est devenue grand-mère que récemment pour la première fois : “Un cadeau du destin !”
Elle commande un thé au jasmin noir, enlève son masque et applique rapidement un peu de rouge à lèvres sur ses lèvres tout en se remémorant à quel point elle aime jouer le rôle de Jeanne, la magnifique et romantique héroïne de Guy de Maupassant.
Oh, merde… » Mais la principale raison pour laquelle nous sommes ici, c’est pour discuter de son livre « Les Mots défendus ». En onze chapitres, elle décrit son combat contre le cancer découvert dans son colorectum à l’automne 2019. un écrit qui combine une lettre à une amie (vous, lectrice/lecteur) et un manifeste. Tout comme elle, il est une combinaison de spontanéité et de réflexion, de bouillonnance et de précision, et d’absence de prétention.
Rose Magazine : Pourquoi avez-vous mis autant de temps à publier ce livre ?
Clémentine C. : Eh bien, beaucoup ; J’avais plutôt peur en fait. Pas mal de choses dissemblables. Par exemple, j’étais terrifiée à l’idée que d’autres disent des choses comme : « C’est de sa faute si elle avait un cancer, pourquoi nous en parle-t-elle ?
C’est hilarant! Mais bon, c’est ma vie et mon parcours, donc je suppose qu’il est normal que j’en parle. L’égocentrisme, en mon propre nom, pour me soigner. Mais aussi pour tous ceux qui vivent ou ont vécu avec un cancer, qu’il soit moins grave que le mien ou beaucoup plus grave, et qui ont vécu ou vivent de l’isolement social et de l’intimidation à cause de cela.
Qu’est-ce qui vous donne l’idée que c’est vous le responsable de cette mauvaise adresse ?
Certaines personnes à qui je laissais entendre que j’avais un cancer du côlon me disaient : « Ah » ! oui, mon père a eu ça et il est mort…» Super ! Il y a aussi ceux qui ne vous laissent pas le temps de parler et qui vous lâchent un : « Je sais, je sais… » Non, vous ne savez pas !
Et il y a tous ceux qui ont peur de toi parce qu’ils associent cette phrase à la mort, ou bien qui ont peur d’avoir identifié quelque chose. C’est terrible ! Je trouve qu’il y a un vrai manque d’éducation par rapport à cette maladie.
Quand ce projet est-il né exactement ?
Pendant la chimio, après une ou deux séances. Je commençais à moi sentir comme un cachalot amorphe, échoué sur le sable. Pourquoi un cachalot, d’ailleurs ! ? Comme une sirène J’ai donc écrit un premier mémo, qui commençait par : “Il y en a qui appelle ça un cancer, moi j’appelle ça un pompon, et je ne comprends pas…” Pour la suite, je me suis enregistré.
À plusieurs reprises, je me suis dit : “C’est nul, pourquoi parler de mon cancer alors qu’il y en a plein d’autres bien more graves ? » Mais Jérôme, mon producteur et ange gardien, et mon éditrice m’ont poussé à continuer en me disant.
Il faut que tu le fasses, parce que tu ne parles pas seulement de tonne cancer, tu parles de la vie. » D’ailleurs, le petit nombre de personnes qui ont été mises dans la confidence m’a dit aussi qu’il valait mieux le cacher.
Pourquoi ?
Dans leur esprit, tu es finie, enterrée avant l’heure ! (Rires.) Si je l’avais dit, les dates supposées de la tournée de ma pièce Une vie auraient été annulées. Comment avez-vous réussi à mener vos traitements tout en continuant à jouer ?
J’ai continué quand cela a été possible ! Il y a quelques événements qui m’ont permis de passer entre les gouttes. Quand on m’a annoncé mon cancer, en novembre2019, c’était encore au moment des «gilets jaunes», et pas mal de représentations ont dû être annulées.
Un mensonge improbable, qui a tenu jusqu’à ce que je fais griller bêtement ! Un jour, j’ai mis par mégarde un de mes fils en copie d’un mail envoyé à mon ami Jérôme dans lequel j’exprimais mon ras-le-bol de la chimio. Magnifique acte manqué !
Ceux qui n’étaient pas dans le secret ne se sont aperçus de rien ? J’étais blanche comme un navet et j’avais perdu du poids – d’ailleurs, c’était très chouette cette minceur ! –, mais ça passe.
