Valerie Moncorgé Gabin – Cet aveu de Mathias Moncorgé devant un public conquis par le phrasé du bonhomme ne fait que me faire tourner la tête, et je me sens immédiatement obligé d’approcher l’homme, de lui parler de Tranches de Vies à Paname, et de lui faire savoir que lui et Gonidec sont tous les deux présentés dans mon roman et dans l’histoire qui le sous-tend.
Ici nous avons une conversation, avec lui convenablement impressionné et moi convenablement heureux ; la magie semble opérer. C’est un mauvais moment et un mauvais endroit pour cela, donc le dialogue est difficile. Dites-moi tout ce qu’il y a à savoir sur cette nouvelle aventure passionnante au cœur de la renommée 2e DB de Leclerc.
Difficile d’évoquer sereinement la connexion, la camaraderie et la compréhension au milieu de l’agitation de la visite du musée, la voix de Gabin sur les écrans, et la présence de Mathias et Florence et des enfants, Alexis (4), dont l’avenir artistique est assuré. Mathias s’est joint à notre conversation pendant un moment avant d’être normalement distrait par le bonheur de tous les côtés.
Étant donné que Raymond et moi vivons dans le même quartier, il me semble tout naturel que nous nous rattrapions. Rien d’inquiétant, mais je retiendrai son étonnement face aux journalistes qui lui rendent visite, lui promettent de lui rendre ses affaires et s’emparent d’images et de documents qu’il ne reverra plus jamais. Cet homme, dont l’être même respire la gentillesse et la simplicité, a été profondément déçu par ces gens indélicats, et sa déception est palpable.
Quand j’écrivais Tranches de vies à Paname, je n’avais aucun doute dans mon esprit que l’histoire prendrait forme de cette façon – c’était un pur hasard, et un heureux en plus. Alors que je frappe à la porte de Raymond à Issy-Les-Moulineaux, je suis accueilli par son natif printanier de 86 ans, toujours joyeux, et sa femme dévouée depuis plus de six décennies, Georgette.
Comme Raymond, Georgette est gentille et souriante ; le genre de personne qui peut vous mettre immédiatement à l’aise et vous faire sentir comme la personne la plus importante au monde lorsqu’elle vous parle. Il va sans dire que j’ai l’intention de faire une interview historique, et que l’introduction au sujet est simple et que Raymond est prêt à coopérer pleinement.
Il ne s’agit pas de Gabin, mais plutôt de son second maître, le sergent Jean Moncorgé, avec qui il a vécu de véritables moments de camaraderie au milieu d’un terrifiant conflit.
Raymond a suivi une formation de mécanicien. Servir la France et libérer son pays sont un anathème pour cet homme. Son père avait déjà donné pendant la Première Guerre mondiale, et lui-même s’enrôla à l’âge de 17 ans et 7 mois pour servir comme « évadé » chez les marins-pompiers à Cherbourg.
A cette période, Gabin, un réserviste présent à Cherbourg depuis 1939 et à qui les Forces françaises libres avaient demandé de participer à des efforts de propagande en 1942 via le tournage de L’imposteur de Julien Duvivier à Hollywood, rejoint l’équipage de l’escorte expédier l’Elorn pour faire passer du pétrole en contrebande à Alger.
Il y fera ses premières armes face à une escadrille aérienne allemande particulièrement vindicative et efficace avec une équipe de pétroliers et d’escorteurs coulés. “On avait tous la trouille dans le ventre, moi y compris, mais il était temps d’affronter la musique”, a déclaré Gabin. Il y avait du bruit, du chaos, des incendies et des explosions tout autour. Il est difficile de sonder les profondeurs de l’enfer où mène une telle folie meurtrière.
Par la suite, il intègre le centre Siroco basé à Alger en tant qu’instructeur de fusilier marin. Cependant, il refuse de rester sur place et rejoint à la place une force militaire. Quant à Raymond, il entend parler de la formation du RBFM, Régiment Blindés des Fusiliers Marins, sous la houlette du Capitaine de Frégate Maggiar après un voyage relativement court à bord du cargo Le Forfait au départ de Cherbourg.
Il est formé au bataillon Renfort de Maisons-Laffitte et transféré dans ce régiment en août 1944, juste après le débarquement de Normandie et en route vers la libération de Paris. Vers août/septembre 1944, Raymond Thiébault et Jean Gabin se sont peut-être croisés.
Malheureusement, l’autorisation de voyage de Jean Gabin n’arrive pas au commandement à temps pour qu’il se rende en Angleterre avec Maggiar pour rejoindre la 2e DB de Leclerc avant leur départ le 29 avril. En décembre 1944, dit-il, lui et un particulier Lieutenant- Le colonel Jacques MASSU passera une soirée mémorable dans les tavernes parisiennes, une soirée qu’ils n’oublieront jamais.
Le 29 janvier 1945, Raymond conduisit une jeep ravin dans le cadre du 2e peloton RBFM vers le carrefour 177 de Grussenheim, où il fut abattu par un Jagdpanther qu’il n’avait pas réussi à détruire auparavant.
Lorsque le char est touché par deux projectiles hostiles, il prend feu. Benedic et le chef char, Le Goff, ont été blessés à la jambe. Triste à dire, Le Mercier et Prisse ont péri. Gonidec, le voleur, survit et est récompensé par le hasard. Le Souffleur et l’équipage d’origine ont été anéantis.
Après trois jours de route, la division revient en partie en train au Château de Bouges, (Indre). Lors de cet événement, Raymond rencontre Jean Gabin pour la première fois. Le Goff blessé étant hors service pendant un certain temps, Raymond Thiébault et Roger Legendre seront chargés de diriger le navire tandis que Jacques Chevalier sera aux commandes de la barre.
Dès lors, le groupe se rassemble rapidement. Raymond explique que dans une telle situation, l’importance de la personne ou le concept d’individualité est annulé. Tout le monde est dans le même sac, donc tout le monde doit garder un œil sur tout le monde. Cela oblige à travailler à un rythme vigoureux et à affronter avec force les personnages. La vérité est essentielle pour tout le monde, et les mensonges n’ont pas leur place dans la société.