Philippe Gloaguen Fils – Philippe Gloaguen, né il y a 55 ans, a fait de son amour du voyage une carrière réussie en publiant dans les années 1970 les séminaux “Guides du Routard”.
NOTPhilippe Gloaguen, il y a 55 ans, décide de faire de son amour du voyage son métier en publiant pour la première fois dans les années 1970 les désormais emblématiques “Guides du Routard”.
Le succès remporté n’a cependant pas incité Philippe Gloaguen, un jeune Breton de 21 ans et mesurant 1,70 mètre, à quitter son pays natal. Le décompte final est de 26 pays ! Le Certificat d’Etudes Diplomatiques Certifiantes.
Lors de la parution de son premier guide en 1973, c’est essentiellement ainsi que Philippe Gloaguen s’est présenté. Trente-trois ans plus tard, il nous fait découvrir le tout nouveau siège du “Routard”, récemment ouvert dans le quartier parisien qui abritait autrefois une imprimerie du XIIIe siècle.
Ses cheveux sont devenus blancs et il a pris du poids. Aujourd’hui, il vole au lieu de faire de l’auto-stop, et les chambres d’hôtel sont sans aucun doute plus confortables que le port de Portsmouth, où il a passé sa première nuit en sac à dos.
Pourtant, l’esprit est le même, sinon un peu plus fier d’avoir réussi jusqu’ici. Il fait cette déclaration directement dans son autobiographie récemment publiée Le Routard, c’est ma vie.
Controverse…
Un pamphlet pas vraiment tendre écrit par Baudoin Echapasse, un ancien collaborateur du site du Routard, est sorti pratiquement simultanément, bouleversant la vie de ce voyageur. Il accuse Gloaguen d’être un marchand d’esclaves et met en doute la légitimité des adresses incluses dans les guides, tout cela parce qu’il pense que le personnel est trop petit pour réviser annuellement les 125 volumes.
Le rejet par Gloaguen de la controverse. Je n’ai jamais rencontré ce monsieur auparavant, mais ça me rend fou qu’on snobe le succès en France. Il y a beaucoup d’erreurs dans son livre, mais nous obtenons beaucoup d’exposition à cause de cela. Une amie bretonne l’appelle pour lui dire qu’elle pense à lui après avoir entendu parler de “l’affaire”. Merci pour votre soutien; les Bretons sont robustes. Kenavo.
et quelques comptes à régler
Le directeur utilise encore les derniers chapitres du livre pour détailler les rouages de sa maison et régler quelques comptes, notamment avec Michel Houellebecq, qui avait violemment attaqué le ” Backpacker ” dans ” Platform “, qualifiant le groupe de ” connards humanitaires protestants ” parce que le guide a mis en garde ses lecteurs contre le tourisme sexuel en Thaïlande.
Être protestant est une insulte maintenant ? J’ai pris le coup pour eux », proteste Gloaguen catholique et uni. Il est un ardent défenseur de la liberté de la presse, mais il refuse de porter plainte dans les deux affaires qui pourraient potentiellement nuire à sa réputation.
Origines de la vie rurale bretonne
Un exploit qui n’était pas immédiatement évident, étant donné que le père de Gloaguen voulait qu’il devienne associé ou qu’il soit employé par une énorme société plutôt que rédacteur en chef.
C’est vrai que je n’aurais probablement pas réussi à convaincre mes parents que je voulais faire une école de commerce pour devenir journaliste indépendant affamé, mais la réalité demeure que cela a toujours été mon but ultime. J’aspirais à être Lucien Bodard et Jean Lacouture, écrit-il dans son autobiographie.
Philippe Gloaguen est mieux saisi en regardant son éducation. Mon arrière-grand-père faisait partie des centaines d’agriculteurs démunis du Finistère-Sud. Douze Gloaguens ont élu domicile dans une ferme de cinq hectares. Le pain et le beurre salé étaient deux des spécialités de ma grand-mère. Mon père, François, a commencé à travailler dans les champs à l’âge de huit ans.
L’institut de Meudon
Son père a dû quitter la Bretagne, qu’il avait tant aimée, à cause de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir passé du temps comme prisonnier de guerre en Allemagne, il regagne sa ville natale de Confort-Meilars, proche de la Pointe du Raz.
Quelque chose en lui avait été brisé par la guerre, et il choisit de s’évader, d’abord à Combrit sur l’Odet puis à Meudon non loin de la gare Montparnasse. Il y rencontre Paulette, compatriote berrichonne et future épouse.
Le petit appartement d’une chambre de la famille sur le terrain de l’école est le lieu de naissance de leurs trois enfants : Philippe, Marie-Christine et Hubert. Une jeunesse agréable et productive, avec des voyages ponctuels en Bretagne, puis, à 16 ans, l’envie de voyager ou, pour le dire autrement, de déplacer nos propres frontières.
Sentier des “Zindes”
En 1965, il s’inscrit à l’établissement huppé La Rochefoucauld dans le 7e arrondissement de Paris. La génération des baby-boomers, nourrie des œuvres de Kerouac et de Burroughs, est désireuse d’élargir ses horizons. Philippe profite de son séjour en Angleterre pour s’essayer pour la première fois à l’auto-stop.
Puis il s’est dirigé vers l’Inde, pour finalement arriver à Katmandou par ce qui était alors une véritable autoroute beatnik. Sur cette “route des Zindes”, comme il l’appelle, il visite les Balkans, Venise, la Croatie, Bénarès et Madurai, où il prend des notes, recherche des recommandations utiles, des conseils, etc.
Après avoir décidé que le “Blue Guides écrits dans un style plus traditionnel, étaient trop étouffants pour les jeunes voyageurs soucieux de leur budget qu’ils essayaient de servir, lui et son ami Michel Duval, obsédé par les États-Unis, ont décidé de créer quelque chose de mieux.
Sac à dos et palmes
Toutes nos félicitations; des ventes annuelles de plus de 2,5 millions d’exemplaires témoignent de la popularité du guide. Il y a eu relativement peu de déboires (environ 2%), et Gloaguen a toujours une envie ardente de parcourir le monde. Après avoir contracté le syndrome de Poems (une maladie incroyablement rare qui paralyse) en 1989, il ne s’est jamais complètement remis de sa maladie.