
Lili Leignel Famille – Qui dans le Nord et les Hauts-de-France ne connaît pas ou n’a pas entendu parler de “Madame Leignel”, ou comme beaucoup d’entre eux l’appellent affectueusement, “Liz”. Depuis le début des années 1980, lorsque les révisionnistes de l’Holocauste ont fait entendre leur voix pour la première fois, elle a inlassablement partagé l’histoire de ce qu’était l’Holocauste pour elle, ses deux frères et elle-même avec les jeunes générations qui n’étaient pas en vie à l’époque.
Dès la première page, le lecteur est prévenu : « Ce livre est spécialement écrit pour les étudiants afin que le devoir de mémoire dure éternellement. N’oubliez pas, et surtout, ne niez pas ! Ainsi, à 86 ans, Lili Keller-Rosenberg, p. l’épouse de de garde Leignel, a un emploi du temps chargé car elle ressent une “nécessité de continuer le plus longtemps possible mon témoignage devant la jeunesse, c’est ma mission… indéfiniment” (p. 167).
Chaque fois qu’elle raconte son histoire, elle le fait devant une salle de classe pleine d’élèves, parfois des centaines, qui restent sans voix devant sa capacité à raconter les événements sans trébucher sur leurs mots ni recourir à une émotion excessive. Dans ses premières années, elle et ses deux frères (nés en 1933 et 1940) ont vécu à Roubaix avec leurs parents immigrés hongrois aimants et très unis.
Lorsque les choses tournent mal pour les Juifs, Abba Flipo est capable de disperser sa famille dans diverses cachettes. Cependant, l’amour partagé par les parents de cette famille les oblige à célébrer l’anniversaire de la mère ensemble à la maison dans un rassemblement inhabituellement important.
C’était une énorme erreur, et maintenant toute la famille a été arrêtée dans une vague qui a frappé les Juifs des pays alliés en septembre 1943, dont l’Allemagne, la Hongrie, l’Italie et la Turquie. Il y avait une quinzaine d’enfants et d’adultes détenus à Loos avant d’être envoyés dans l’affreuse Caserne de Dossin à Malines, en Belgique, puis déportés à Buchenwald pour les hommes et à Ravensbrück pour les femmes et les enfants qui les accompagnaient (la liste fut publiée dans Tsafon, n° 21, printemps 1995, p. 29).
Les conditions inhumaines d’un camp de concentration sont endurées par trois enfants, dont le plus jeune n’a que trois ans au moment de la fin de la Shoah (devenu adulte, il a soutenu une thèse sur les enfants de la Shoah au début des années 2000). Quand on évoque G à Lili Leignel, elle pense tout de suite à lui. Déf. : de Gaulle, Jean. à M. d’Alincourt ou même à M. Desrumaux.
La force de persévérer vient de Charlotte Keller, qui enseigne la dignité à ses enfants malgré leur situation et les fait prendre une douche tous les matins avant de partir pour une longue et épuisante journée au bureau. La mère et ses enfants malades et mal nourris sont alors envoyés à Bergen-Belsen, qui n’est rien d’autre qu’un salon funéraire.
En conséquence, la mère contracte le typhus et ne peut bénéficier d’un rapatriement rapide après la libération du camp. Cela présente un nouveau défi pour les enfants qui ne recevront plus son encouragement moral. Les trois gamins se présentent à l’hôtel Lutétia complètement perdus, ou ignorés par les services sociaux offerts aux déportés. Lili a l’idée de tendre la main à un membre de sa famille dont elle n’a qu’un vague souvenir.
Les enfants ne sont calmés que par le retour de leur mère, même si elle est âgée et fragile. Ce n’est pas le cas de mon père, qui n’est jamais revenu de Buchenwald. Après la guerre, se réinstaller à Roubaix est difficile. Nous avons appris que l’appartement avait été vidé. Courageusement, avec l’aide de voisins sympathiques, la mère retourne travailler comme couturière afin de subvenir aux besoins de ses enfants.
5Lili a témoigné dans les années 50, et elle a été impliquée dans des groupes d’anciens déportés depuis lors, mais elle a finalement décidé de parler de ses expériences à Ravensbrück et Bergen-Belsen après que les révisionnistes historiques aient commencé à déformer la vérité sur l’Holocauste.
Nadège Frémeaux et Loc Cattiaux, deux institutrices du collège Jacques Prévert à Houdain dans le Pas-de-Calais, ont eu la brillante idée de publier les souvenirs de Lili (parus auparavant en partie dans Tsafon, n° 9-10, été-automne 1992 , pages 29–37). Pour ajouter à l’attrait du livre, ils ont inclus des comptes rendus des témoignages de Lili donnés dans diverses classes ainsi que des lettres de gratitude écrites par
Les historiens intéressés par le traitement réservé aux témoignages des survivants de l’Holocauste pourraient trouver cette collection utile. Et force est de constater que Lili a presque toujours gagné le pari : amener les jeunes à s’engager à être vigilants et à rejeter toute forme de discrimination sociale, religieuse et ethnique. Pour cela, Lili Leignel née Rosenberg mérite les honneurs d’être nommée chevalier de la Légion d’honneur en 2011 et officier des Palmes de la distinction académique en 2016, respectivement.
A 89 ans, Lili Leignel, qui a été déportée dans les camps de concentration nazis à l’âge de 11 ans, témoigne sans broncher devant des étudiants qui, selon elle, se font des “messagers” pour empêcher un retour au pire.
Cette semaine de janvier est marquée par la journée internationale du souvenir de la Shoah ce jeudi, et cette petite demoiselle aux cheveux blancs brillants s’affaire à faire des liaisons dans le Nord et le Pas-de-Calais avant de s’envoler vers Toulouse, Nantes, Lyon, et Rodez.
“Avant le Covid, je rencontrais jusqu’à 25 000 étudiants par an”, s’amuse-t-elle alors que la voiture file sous la pluie en route vers le site historique de La Coupole, non loin de Saint-Omer. Cette ancienne secrétaire de direction entend des témoignages “jusqu’à n’en plus pouvoir” car sa “mission n’est pas encore accomplie”. “Cela devient quelque chose d’exceptionnel, elle fait partie des derniers témoins dont on peut écouter la parole”, note Laurent Seillier, professeur invité d’histoire à La Coupole.
