Georges Brassens Enfants – Henri Dès fait partie de ces chanteurs qui suscitent instantanément un sentiment de nostalgie de la jeunesse. Avant de se produire devant un public adulte aux Folies Bergère, il réfléchit à la musique qui l’a inspiré à participer au Concours Eurovision de la chanson de 1970.
Ma famille possédait un institut de beauté dans le quartier historique de Lausanne, où j’ai grandi. Mes deux parents travaillaient dans l’industrie de la beauté; maman était coiffeuse et papa faisait des pédicures. J’ai une sœur adolescente qui a un an de plus que moi.
Je me suis fait beaucoup d’amis tout en étant une personne assez réservée et aimable qui n’a jamais été violente. J’ai perdu mon père quand j’étais adolescent, à l’âge de dix-sept ans. Mon parcours universitaire a été marqué par des déboires et des abandons répétés. J’ai quitté l’école avant d’avoir obtenu mon diplôme.
J’ai passé certains tests d’aptitude et j’ai été orienté vers le métier de dessinateur en architecture, une voie que j’ai abandonnée au bout de trois ans. Ma mère avait le cœur brisé de me voir sans but et sans désirs forts. Je pouvais voir à quel point elle devenait agacée chaque fois qu’un de ses clients s’informait de mes allées et venues et de mes activités dans la vie. Elle m’aimait beaucoup, mais je ne pouvais pas me résoudre à être fier d’elle.
A l’époque, la Suisse comptait un grand nombre de musiciens amateurs. Mon père et mon grand-père jouaient tous les deux de la clarinette en fanfare. Ma mère avait appris quelques morceaux de piano, qu’elle interprétait devant les clients du café tenu par mes grands-parents à Renens, une petite ville non loin de Lausanne. Une fois par an lors de la réunion de famille, elle se mettait au piano et interprétait Le Lac de Côme.
Quand je pense à lui, je ne peux m’empêcher d’imaginer ses longs doigts bien manucurés claquant sur les touches de son clavier. Aucune musique n’a été jouée dans ma maison en grandissant; mes parents écoutaient tout ce qui passait sur les radios suisses (Radio Suisse Romande et Radio Suisse Deutsch) à un moment donné.
Quand j’avais 14 ans, mon père m’a emmené à la taverne locale pour me montrer la toute première télévision de la ville. Nous avions regardé une émission de variétés avec Philippe Clay et Ricet Barrier en sirotant respectivement du sirop et du vin.
À part les chansons très ennuyeuses qu’on apprenait à l’école, comme « Ah ! mon beau château » et « La Marche des Rois mages », je ne me souviens d’aucune chanson de mon enfance. Je n’ai commencé à m’intéresser à la musique qu’à l’âge adulte.
Georges Brassens a été mon premier auteur préféré ; J’ai entendu parler de lui par le frère d’un ami qui était un grand fan. Son style d’écriture m’a plu car il avait des mélodies accrocheuses et un contenu humoristique et décalé pour son époque. Ensuite, nous passons à Elvis Presley.
Je me suis précipité au magasin de disques de Lausanne, en Suisse, le jour où son premier 45 tours, Heartbreak Hotel (1956), est sorti. Son charisme incroyable et sa voix puissante m’ont captivé. Quand le rock a commencé, il a enfreint toutes les règles. Je m’étais même inscrite à des cours de danse où mon partenaire passait par-dessus mon épaule ou sous mes jambes.
Je ne me souviens pas être allé à un concert quand j’étais plus jeune. Mon premier souvenir, c’est Brassens à Bobino quand j’avais 24 ans en octobre 1964. J’ai vu sa toute dernière représentation au théâtre après qu’il y soit resté trois ou quatre mois. Après le spectacle, ils ont dressé une longue table dans le foyer où Brassens et ses amis (connus et inconnus) ont pu prendre quelques verres et quelques fous rires.
René Fallet, l’auteur, le producteur et le bassiste étaient tous présents. L’ambiance était optimiste et agréable. Ils plaisantaient et s’envoyaient des vanités. Je m’assis sur un canapé voisin à côté de Brassens. Je commençais à peine à saisir ses paroles quand il se retourna brusquement vers moi et se présenta. Au moment où je lui ai dit combien j’appréciais son travail, il s’est réveillé et a trouvé le camp en plein désarroi.
Après avoir vu le frère de mon ami, un fervent fan de Brassens, jouer certaines des chansons du groupe à la guitare, j’ai eu envie de m’essayer à quelque chose de similaire. Je m’en suis acheté un dans un triste état et j’ai déjà commencé à râper de la musique. Quand j’avais 17 ans, mes camarades de classe et moi étions en vadrouille et sommes tombés sur une publicité pour un concours de chant qui devait avoir lieu le lendemain dans un bar local.
Nous avons tous été séduits par le concept et nous y sommes inscrits. Je suis allé avec l’air “Cigarettes, whisky et petits pois”. Je n’ai pas très bien réussi et je me suis retrouvé à la dernière place de la compétition. Mon père s’était faufilé à l’arrière de la maison pour entendre ma performance. C’est là qu’il a assisté à ma première et dernière performance vocale.
Il y avait une jeune femme qui interprétait des chansons originales à la guitare et chantait dans ce concours. En conséquence, j’ai été intrigué par la perspective de m’essayer à l’écriture de chansons sans aucune expérience préalable.
J’ai écrit quelques articles sur mes amis et ma famille, ainsi que sur ma sœur, et j’ai finalement été persuadé de jouer dans quelques performances intimes. Quand j’étais plus jeune, je gagnais souvent des concours dans des bars de pays locaux.
A 19 ans, j’ai terminé mes études et je suis allé travailler pour Radio Suisse-Roumanie. J’ai ramassé des petits boulots ici et là. Je serais une aide pendant les enregistrements un jour, puis j’utiliserais les restes de bandes magnétiques pour construire une nouvelle cassette le lendemain. J’y ai rencontré ma femme et nous sommes mariés depuis 55 ans.