De Quoi Est Mort Gerard Philipe – L’acteur français Gérard Philipe est décédé subitement d’un carcinome hépatocellulaire juste après avoir terminé la production de “La fièvre monte à El Pao” de Luis Buuel. Il était au faîte de sa gloire. Ce fut une paisible nuit de sommeil, mais il partit tôt le lendemain matin. A ce jour, il avait 37 ans.
Suite à ses dernières volontés, il est inhumé au cimetière de Ramatuelle le jour de son dixième anniversaire de mariage, le 28 novembre 1959, habillé en Don Rodrigue (Le Cid).Critique Après que le grand acteur a été retrouvé mort à 36 ans le 25 novembre 1959, l’auteur reconstitue ses dernières heures dans Le dernier hiver du Cid, une histoire qui a bouleversé le monde par sa retenue et sa sincérité.
Le 25 novembre 1959, à l’âge de 36 ans, Gérard Philipe se suicide dans son appartement. Pensez-vous qu’il connaissait la vérité sur son état ou si sa femme Anne voulait qu’il lui mente ?Soixante ans après sa mort, la question hante encore les pages du très beau conte que lui consacre son genre, Jérôme Garcin (il a épousé sa fille, Anne-Marie), sur les brefs mois où l’épuisement extrême de l’acteur a révélé une rare et un cancer fulminant dont il ne savait rien.
Jérôme Garcin s’en tient à l’ordre temporel de la comptabilité inversée. Une fois par chapitre par jour. Le dernier feu d’artifice de l’été 1959 est tiré à Ramatuelle avec les gamins, dans la vivacité limpide de la Méditerranée, où Gérard Philipe sent ses forces refluer et le soupçon d’une maladie généralisée se dessine dans son esprit. Retour à Paris. Le blues.
L’examen épuisant (les chirurgiens, ayant pris connaissance de la gravité de son état irréversible, renoncent à l’opérer). La décision rapide qu’elle a prise de lui donner une lueur d’espoir. Jérôme Garcin s’interroge, “Comment jouer la comédie devant un tel comédien .”
La résilience de l’acteur, décrite comme une “âme mélancolique dans un corps maigre qui débordait de santé”, est un mystère. Dans un futur pas trop lointain, selon Gérard Philipe. Bientôt, il jouera le Comte de Monte Cristo dans des films ; au théâtre, il sera Hamlet dans ses rêves ou Hector dans Troie.
Il lit des tragédies grecques, souligne des passages clés et parle de repos dans les montagnes. Les quelques amis qu’il a laissé entrer dans son chevet (René Clair, Jean Vilar, ses médecins) en sont ressortis comme accablés par une dure prophétie. Le poète Georges Perros serait dans la salle, comme le prétend Gérard Philipe. La seule personne sur qui il peut toujours compter, son “ami ombreux” qui ne se soucie de rien, promet de passer Noël et est originaire de Bretagne.
Jérôme Garcin évoque l’aura fulgurante de ce gigantesque acteur, sa “morale physique” et sa “grâce rédemptrice” après la guerre, les secrets les plus sombres de sa famille (sa fidélité à un père proscrit aux actes de collaboration et réfugié en Espagne), et la brillante moments où, en Cid ou Prince de Hombourg, il rencontre le TNP dans la nuit d’Avignon, éclaire Julien Sorel de son rayonnement, et met son.
Cette évocation frémissante, où le solennel est adouci par la douceur et la délicatesse, fait monter les larmes aux yeux. Olivier et Anne-Marie, ses jeunes enfants, fourmillent autour de leur père affaibli dans une cacophonie de rires insouciants.
Anne entretient le délire tragique avec une grâce étonnante, fidèle à leur sérénité mutuelle : « Nous essaierons d’être élégantes si un jour nous sommes malheureuses. Après avoir parcouru la France dans le sillage du cortège funèbre portant le cercueil dans lequel reposait son amour, drapée pour toujours dans son costume de Cid, elle sera une figure solitaire, imaginée par le chagrin, jusqu’à ce qu’elle atteigne le cimetière de Ramatuelle.
.L’œuvre de Jérôme Garcin regorge d’épitaphes, ou tombeaux, forme littéraire qui appelle sensibilité, hauteur de style et grandeur de sentiment. Il dédie des ouvrages à des auteurs et amis décédés, ainsi qu’à son propre père (dans La Chute de cheval) et son frère cadet, Olivier, mort sous ses yeux alors qu’il n’avait que six ans.
Il poursuit le récit déchirant de la vie d’Anne Philipe, initialement publié en 1963 sous le titre Le Temps d’un soupir, avec cette histoire à la fois sobre et honnête dans son impact. Après avoir appris la nouvelle de la mort de Gérard Philipe, l’annonceur a déclaré: “Nous ferons en sorte que votre brève gloire soit suffisamment puissante pour qu’elle dure.” C’était comme si quelqu’un d’outre-tombe l’avait pris par la main et le guidait pour réaliser la vision de Jean Cocteau.
C’est à son tour de revenir rue de Tournon le 19 novembre. Il prévoit de passer son temps de récupération à lire davantage d’œuvres qu’il a commencées à l’hôpital, notamment Antigone et les tragédies grecques d’Euripide.Le 22 novembre, j’ai pu obtenir un deuxième témoin pour témoigner de l’extraordinaire capacité de Gérard à se mettre à la place de ses amis, comme le relate le Dr Pierre Vellay. Je suis venu passer l’après-midi avec lui.
Il lisait Le Théâtre Euripide et me tendit Médée qu’il avait ouverte sur une page où il avait écrit « Pierre ».Il m’a dit que l’extrait suivant serait utile pour ma documentation : « C’est donc en vain, ô mes enfants, que je vous ai élevé ; de l’enfance… Je préfère me battre trois fois sous une matraque que de prendre un seul coup.
